Game One, 27 ans de culture geek à la télé
Créée en 1998, Game One a accompagné toute une génération de joueurs. Bien avant YouTube, Twitch et les podcasts gaming, la chaîne offrait un espace unique à la culture vidéoludique et à l’animation japonaise. On y retrouvait des émissions devenues cultes comme Level One, Retro Game One ou encore TeamG1, mais aussi des visages familiers : Marcus, Julien Tellouck, ou encore Cyril Drevet.
Avec son ton décalé, son humour et son regard passionné sur les jeux vidéo, Game One a réussi à fédérer une communauté fidèle. Elle faisait partie de ces chaînes qu’on allumait "pour voir ce qu’il y avait", et qu’on laissait tourner pendant des heures.
Mais 27 ans plus tard, le contexte a radicalement changé. Les jeunes générations consomment désormais le gaming autrement : en direct sur Twitch, en VOD sur YouTube, ou via les réseaux sociaux. Les chaînes linéaires, elles, peinent à suivre le rythme.
Une fermeture décidée par Paramount malgré une chaîne rentable
La décision de fermer Game One ne résulte pas d’un échec d’audience ni d’un déficit financier. Bien au contraire : selon plusieurs sources, la chaîne affichait plus de 2 millions d’euros de bénéfices nets par an.
Le problème vient d’en haut. Après la fusion entre Paramount Global et Skydance, la branche française du groupe a lancé une vaste restructuration. Objectif : réduire les coûts et concentrer les efforts sur le streaming, notamment sur Paramount+ et Pluto TV, ses deux plateformes maison.
Dans ce plan, Game One et sa chaîne sœur J-One (plus orientée anime) ont été sacrifiées. Une décision stratégique qui symbolise la fin d’une époque : celle où la télévision pouvait encore rivaliser avec Internet sur la culture geek.
Une disparition symbolique pour toute une génération
La nouvelle a fait réagir sur les réseaux sociaux. De nombreux fans ont exprimé leur tristesse, mais aussi leur colère. Pour beaucoup, Game One n’était pas qu’une chaîne de télé : c’était une madeleine de Proust. Elle représentait les débuts du jeu vidéo à la télévision française, une époque où les gamers étaient encore une minorité et où la presse spécialisée faisait autorité.
Marcus, l’un des animateurs historiques, a même appelé Xavier Niel à sauver la chaîne, mais sans succès pour l’instant. Paramount, de son côté, n’a annoncé aucun projet de reprise ni de relance, laissant entendre que Game One tirera définitivement sa révérence fin novembre.
Cette disparition illustre une tendance plus large : la fin progressive de la télévision linéaire. Les jeunes publics ont migré vers le streaming et les contenus à la demande. Les chaînes thématiques, autrefois reines du câble et de la TNT, se vident peu à peu de leur audience.
Le jeu vidéo quitte la télé, mais pas les écrans
Ironie du sort : si la télévision perd un acteur emblématique du gaming, le jeu vidéo n’a jamais été aussi présent dans les médias. Sur Twitch, des milliers de créateurs diffusent chaque jour leurs sessions en direct. Sur YouTube, des chaînes comme LeStream, Joueur du Grenier ou Gautoz perpétuent, à leur manière, l’esprit Game One.
Ce que Game One incarnait à la fin des années 90, la passion, la découverte, la convivialité, s’est simplement déplacé ailleurs. Mais pour ceux qui ont grandi avec le générique et les blagues de Marcus, cette fermeture laissera un vide.
En conclusion
La fin de Game One, c’est plus qu’une simple fermeture de chaîne : c’est la disparition d’un pan de la culture geek française. Elle symbolise le passage de relais entre deux époques : celle de la télévision, et celle des plateformes.
Game One s’éteindra fin novembre, mais son héritage, lui, reste bien vivant dans les streams, les vidéos, et les souvenirs de millions de fans.